La culture rastafari
Le mouvement Rastafari est assimilé par certains à une religion, par d'autres à une philosophie, voire à une idéologie ou un syncrétisme pour ses emprunts à la Bible. Les rastas, eux, le conçoivent comme un mode de vie, une façon de concevoir le monde et tout ce qui le constitue depuis sa création. L’idéologie Rastafari cherche ses sources dans le Christianisme, auxquelles sont ajoutées une mise en valeur de l’Afrique et particulièrement de l’Ethiopie considérée comme la terre promise et donc lieu de rapatriement de tous les rastafaris. C’est un culte messianique dont le centre est l’Empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié : la dernière réincarnation de Dieu sur Terre. Le prophète principal est Marcus Garvey, dont le second prénom, Mosiah, fait référence à Moïse, le prophète libérateur des Hébreux.
Le mot Rastafari provient de l’amharique Ras « tête » et Tafari, « Celui qui sera Craint ». Tafari est le prénom de naissance donné à Hailé Sélassié 1er, (de Haile, « puissance » et Selassie, « trinité », en amharique) empereur d'Éthiopie de 1930 à 1974. Il est considéré par la plupart des Rastas comme étant le « dirigeant légitime de la Terre » (Earth's rightful ruler) et de surcroît le Messie, en raison de son ascendance qui, selon la tradition chrétienne orthodoxe éthiopienne, remonterait jusqu'aux rois Salomon et David.
En septembre 1916, Ras Täfäri Mäkwännen devient prince hérité et est proclamé négus (titre de noblesse) en octobre 1928. En 1930, il est couronné Empereur d’Ethiopie sous le nom d’ « Hailé Sélassié, Roi des Rois d'Ethiopie, Seigneur des Seigneurs, Lion conquérant de la tribu de Juda, Lumière du Monde, élu de Dieu ». Son couronnement est apparu pour les Rastas comme la révélation d'un envoyé de Jah (=Dieu), qui les mènerait à la libération de leurs souffrances. Ainsi, il est communément affirmé qu'Haïlé Sélassié, à l'image de Jésus, est Jah incarné, Homme et Dieu, bien qu’il n’ait lui-même jamais admis sa propre divinité.