la difficile affirmation républicaine dans les années 1880 - 1890
DANS LES ANNEES 1880-1890
Régime encadré par deux défaites, la IIIe république, née sans gloire de la défaite de
Sedan et morte de la débâcle de juin 1940, nous a paradoxalement légué une tradition républicaine qui sert de référence. L’orée du XXe siècle a reçu a posteriori le qualificatif de
« Belle époque », âge d’or de la République. Certes les réalités étaient moins scintillantes : conquête coloniale, exclusion des femmes du processus électoral, répression des mouvements ouvriers… Néanmoins, à partir de 1875, la République s’incarne en des lois, des discours, des réformes, qui assoient les libertés publiques et les valeurs laïques au sein de « la plus politique des nations européennes » (Dominique Schnapper).
I.
FONDER LA REPUBLIQUE, LE TRIOMPHE DU COMPROMIS
1. La levée de l’hypothèque révolutionnaire
Avant 1871, République et révolution semblent synonymes. La République est associée à l’image de l’impuissance politique, le règne de la rue et la victoire de l’anarchie qui met en péril la propriété et la famille. Les émeutiers sont décrits comme relevant du règne de l’animalité. La République en 1870 est qualifiée de « gangrène morale ». La « peste républicaine » serait un véritable attentat contre le règne de la civilisation. Assimilée à une utopie, la république, qui renvoie au rêve d’une société plus égalitaire, ne paraît pas éloignée d’une certaine conception de la déraison. C’est un régime qui fait peur, notamment à la France des campagnes.
La République renaissante parvient à se dissocier de la subversion. Elle est proclamée le 4 septembre, devant le vide provoqué par l’effondrement du second Empire, à la suite de la défaite de Sedan. C’est une république prononcée par défaut, sinon à contrecœur, à la surprise des républicains eux-mêmes, alors que l’Empire, après le plébiscite de mai 1870, semblait avoir acquis une nouvelle légitimité. Le premier gouvernement républicain, dit de Défense