La discrétion de l’amitié
La discrétion de l’amitié par Dominique WEBER
| SER-SA | Études 2002/6 - Tome 397
ISSN 0014-1941 | ISBN | pages 625 à 634
Pour citer cet article : — Weber D., La discrétion de l’amitié, Études 2002/6, Tome 397, p. 625-634.
Distribution électronique Cairn pour SER-SA. © SER-SA. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
ESSAI
La discrétion de l’amitié
DOM
I N I Q U E
WEB
ER
ÉPOQUE aime parler de l’amour : avec vulgarité et confusion, souvent ; avec tact et précision, quelquefois ; avec amour, rarement. Ce discours, qui entend si peu l’amour, associant ou dissociant en particulier, à chaque fois de façon abstraite et unilatérale, l’amour et la sexualité, ne s’y entend guère plus en amitié. Pourquoi ? Parce que ce discours n’entend pas la question, pourtant étrange et déroutante, de l’intimité à l’œuvre dans l’amitié. Ou, mieux, parce que ce discours n’entend pas la sorte de folie qui transperce et traverse l’intimité à l’œuvre dans l’amitié, interprétant platement cette intimité sur fond de réciprocité, et non de disproportion, et la rabattant naïvement sur une forme de présence, et non d’absence. Or, il y a, très précisément, et de la disproportion et de l’absence au cœur même de l’amitié. C’est ce qui en fait tout le problème, c’est