La distinction « France rurale » et « France urbaine » est-elle toujours pertinente ?

Introduction

Doit-on penser le monde rural comme l’antithèse du monde urbain, à l’instar de la tradition géographique française (M. Rochefort, R. Dugrand, B. Kayser) ? Débat hérité des Lumières, la dichotomie nature/culture est progressivement remise en cause par les évolutions socioéconomiques au cours du XXe siècle. La transition urbaine et le déclin du monde agricole dès la sortie de la Seconde Guerre mondiale, ont participé à l’émergence de nouvelles fractures socio-spatiales au sein du territoire français telles que les « aires urbaines », les « pôles ruraux » et le « rural profond ». La naissance d’espaces mixtes, conceptualisés pour la première fois en 1976 par G. Bauer et J.M. Rous dans La ruralisation ou la ville éparpillée, dessine une géographie de la France qui n’en demeure pas moins clivée entre quartiers aisés et zones dites « sensibles ». Autrement dit, le débat ne concerne désormais plus la distinction « espaces urbains » / « espaces ruraux », mais bien la définition des critères qui font la « ruralité » et la « citadinité ». La multiplication des définitions en France – comme à l’international – de l’urbain nous montre la difficulté à harmoniser et à cerner l’objet d’étude. Nous retiendrons que les espaces urbains, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), regroupent au minimum 2000 habitants et sont caractérisés par la continuité du bâti (moins de 200 mètres doivent séparer les constructions). Ainsi définie, la ville regroupe près de 90% de la population, d’où la création en 1995 du zonage en aires urbaines qui distingue les pôles urbains (agglomération compacte de plus de 5000 habitants) et la couronne périurbaine (ensemble des communes dont au moins 40% des actifs résidents vont travailler dans l’aire urbaine). La présence du secteur secondaire et tertiaire en ville n’est cependant plus suffisante pour caractériser