La décentralisation
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La genèse de la décentralisation
Adélaïde Amelot1 Forum de Delphes Doctorante Paris XII – LARGOTEC / UCAD Décentraliser, dans le langage usuel, signifie extraire du centre. Ce terme a été repris par la doctrine juridique pour désigner un mode de gouvernance. En ce sens, la doctrine ainsi que certains philosophes tels Benjamin de Constant envisagent la possibilité d’ôter des mains de l’autorité centrale (à l’origine, le Roi) l’exclusivité du gouvernement des affaires du royaume. Pour déterminer de manière explicite cette notion, la doctrine juridique la rapproche de celle de « self governement » qui prévaut en Angleterre, ce qui fait dire à E. Fontaine2 en 1889 que « décentraliser c’est rendre aux pouvoirs locaux les libertés nécessaires à leur développement normal, c’est réaliser le gouvernement du pays par le pays »3. On opposait traditionnellement décentralisation politique et administrative, la première étant aux yeux d’illustres doctrinaires tels le Doyen Maurice Hauriou un vecteur de glissement vers le fédéralisme4 de nature à compromettre le caractère unitaire du pouvoir en France -qui justifie sa centralisation entre les mains de l’Etat5. C’est ce qui a justifié jusqu’à fort récemment que seule la décentralisation administrative ait été reconnue.6 Elle consiste comme il le rappelle « en un
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Adélaïde Amelot est doctorante à l’Université Paris XII (Laboratoire LARGOTEC) et Vice-Présidente du Forum de Delphes. Sa recherche aborde la question des « liens entre les modifications de l’Ordre juridique et l’insertion des femmes dans le processus décisionnel au Sénégal ». Il est l’auteur d’une thèse publié aux éditions H. Le Lagadec en 1889 E. Fontaine, cité par S. Flogaïtis, « La notion de décentralisation en France, en Allemagne et en Italie », Librairie