La fabrication du roman et du personnage
A. Les origines du roman
1. Un nouvel usage de la langue
Au moyen-âge, le mot « roman » désigne d’abord toute œuvre littéraire écrite en langue « romane », c’est-à-dire en langue populaire et non en latin, d’un usage plus savant. C’est au XIIème siècle que le « roman » désigne plus spécifiquement un récit en vers écrit en français (en « roman »). Il s’agit, la plupart du temps, de récits inspirés par les mythologies latine, celtique ou germanique. Jusqu’au XVIIème siècle, le terme générique de roman désigne ainsi un poème en français, narrant une histoire de chevalerie.
Il existe des textes antiques qui préfigurent nettement le genre, mais Don Quichotte de Cervantès (1605-0615) est considéré comme le premier roman moderne. Se distinguant du théâtre, où les personnages jouent et parlent directement sur la scène, ces récits sont contés par un narrateur. Ils s’’ouvrent volontiers à la vie quotidienne, aux personnages de conditions modeste, alors que le théâtre tragique convoque des personnages comme des rois, des rennes ou encore des Dieux pour embrasser les grandes questions métaphysiques et politiques.
Ainsi les personnages qu’on y croise, même s’ils peuvent connaître des aventures extraordinaires, sont avant tout très ordinaires. Le roman est donc par tradition le genre de l’antihéros, ou encore du héros déceptif. Il est aussi le genre du quotidien, du banal voire de l’échec. Il donne à voir le monde tel qu’il est, par opposition à la poésie lyrique ou au théâtre tragique, autres genres qui l’idéalise pour le mettre en scène tel qu’il devrait être. Pour ces raisons, le roman a longtemps été déclassé dans la hiérarchie littéraire, par opposition à l’épopée ou la tragédie par exemple.
2. Emergence du roman
Parce qu’il regarde le monde réel tel qu’il est, sans concession, le roman peut l’interroger et le critiquer. Exemple : Le roman de Cervantès Don quichotte (1605-1615) montre que les valeurs chevaleresques