La fonction de déplacement dans les contes
Dans les deux contes, le déplacement initial est volontaire dans le sens où les héros suivent leurs parents de bon gré, malgré le fait qu'ils soient au courant de leurs projets funestes. Comme bien des enfants, il ne leur viendrait pas à l'esprit de désobéir. Bien sûr, le déplacement est aussi involontaire car ils ne désirent pas être abandonnés et c'est pourquoi ils inventent un moyen de retrouver leur chemin. D'ailleurs, lorsque les héros sortent au petit matin pour ramasser des cailloux, ils ne rencontrent aucun obstacle, ils sont libres d'évoluer dans leur univers, la maison, qui est leur sécurité. Cette partie des deux contes est la moins effrayante car le lecteur sait que les héros rentreront chez eux.
La forêt, lors de ce premier périple est un endroit familier, on suppose que ce n'est pas la première fois que les enfants vont aux bois avec leurs parents. Le lecteur, quant à lui, est bien au chaud dans sa maison et comprend donc qu'il s'agit ici d'une symbolique¹, semblable au périple de Caillou qui, échappant à la surveillance de sa mère, ira faire un tour du pâté de maison. C'est le voyage de l'imaginaire qu'il entreprend.
Mais la fois suivante, non seulement est-il impossible aux héros de circuler librement chez eux pour aller chercher des cailloux - l'inutilité du déplacement annonce ici l'échec de leur prochaine tentative de rentrer à la maison facilement- mais encore sont-ils floués de façon bien plus cruelle puisqu'on les perd encore plus profondément dans la forêt. Cette fois-ci, l'espace n'est pas aussi accueillant pour le Petit Poucet et ses frères quand leurs parents ''..les menèrent dans l'endroit de la Forêt le plus épais et le plus obscur…'' ni pour Hansel et Grethel , qui se retrouvent ''au fin fond de la forêt, plus loin qu'ils n'étaient jamais allés.'' Parce que le stratagème des miettes de pain n'a pas fonctionné, et que par conséquent, tous liens avec les parents