Si de célèbres figures tragiques (Prométhée, Électre, Antigone) ont fait l’objet d’études comparatistes, la réception des Perses d’Eschyle n’a pas éveillé, semble-t-il, de véritable intérêt. Récemment, Sylvie Humbert-Mougin s’est néanmoins intéressée aux représentations des Perses dans la mise en scène d’André Antoine au théâtre de l’Odéon en 1896, et a mentionné les représentations de cette même tragédie à la Comédie-Française en 1919 [1] Humbert-Mougin, Sylvie, Dionysos revisité. La réception... [1] . Jamais en effet, avant le mois d’octobre 1896, la tragédie des Perses d’Eschyle n’avait été représentée sur une scène française [2] Cf. Horn-Monval, Madeleine, Répertoire bibliographique... [2] . Cette première représentation marque le début d’un véritable engouement pour la pièce du poète grec, qui n’avait jamais connu auparavant une faveur aussi extraordinaire. Que l’on en juge par la liste suivante : en 1896, représentation des Perses au théâtre de l’Odéon dans une traduction nouvelle d’André-Ferdinand Hérold, avec une musique de Xavier Leroux ; en 1897, traduction de Léon Paris destinée à la scène, mais jamais interprétée ; en 1904, traduction de Philippe Martinon dans le Théâtre complet d’Eschyle; en 1912, reprise des Perses à l’Odéon ; en 1915, traduction d’Henry Beaunis ; en 1919, représentation des Perses à la Comédie-Française dans une traduction nouvelle de Silvain et Jaubert ; en 1921, traduction de Paul Mazon pour la Collection des Universités de France ; en 1928, à l’École des Annales, lecture des Perses dans la traduction de Mazon par Jacques Copeau ; en 1929, représentation à l’Opéra de Paris de Salamine, tragédie lyrique d’après les Perses d’Eschyle de Maurice Emmanuel et Théodore Reinach ; en 1930, représentation des Perses dans la traduction de Mazon au Trocadéro ; en 1932, traduction nouvelle de Charles Georgin ; en 1936, représentation des Perses à la Sorbonne dans la traduction de Mazon, par le Groupe de Théâtre Antique ; enfin, toujours en