La grande maison
Ce premier roman du grand écrivain algérien Mohammed Dib, publié en 1952, constitue le premier volet de la trilogie formée par L’incendie (1954) et Le métier à tisser (1954). L’auteur y retrace la vie d’une ville algérienne à l’aube de la guerre d’indépendance. Pour ce faire, il choisit de suivre le regard frais et lucide d’un enfant, Omar, qui devient témoin des souffrances d’une population ainsi que des mouvements qui précisent la révolte des Algériens contre le pouvoir colonial.
Bien que le lecteur soit tenté de voir en Omar un jeune héros algérien, porte parole de ses compatriotes, Mohammed Dib propose un personnage construit plutôt comme un antihéros. L’enfant, obsédé par la faim qui rythme ses jours, fait preuve d’une volonté de survie individuelle. Hormis l’épisode de solidarité à l’égard d’un camarade de l’école, les journées du garçon sont consacrées à la recherche du morceau de pain dur qui lui permettra de se nourrir. En ce sens, le personnage de Dib rappelle le protagoniste d’un texte espagnol du XVIème siècle. Il s’agit de La vida de Lazarillo de Tormes y de sus fortunas y adversidades, récit anonyme qui est devenu le modèle de la littérature picaresque espagnole. Tout comme Omar, Lazarillo est un jeune garçon qui vit dans la misère et qui