La légalisation des drogues est-elle une solution ?
La loi sur les stupéfiants : une « politique de l'autruche »
C’est un sujet tabou en France. Pourtant, l’éventualité de légaliser les drogues refait régulièrement surface. C’est actuellement le cas. Depuis janvier 2011, deux ouvrages prônant cette idée (« Drogues, pourquoi la légalisation est inévitable » de Michel Henry (Denoël) et « Pour en finir avec les dealers » de Stéphane Gatignon et Serge Supersac chez Grasset) ont déjà été publiés. Et pour cause, alors que les saisies douanières battent des records, la consommation de stupéfiants poursuit son inexorable progression.
Mais une telle mesure constituerait un véritable bouleversement. En France, la toxicomanie et l’usage de substances vénéneuses sont interdites depuis plus de 40 ans. Ainsi, la loi du 31 décembre 1970 réprime et sanctionne le trafic ainsi que l’usage de stupéfiants. Or, cette législation « est un échec cuisant », selon le clinicien Eric-Pierre Toubiana, également maître de conférences en Sciences Humaines Cliniques. Un point de vue partagé par le journaliste Michel Henry qui juge la prohibition « hypocrite. On adopte la politique de l’autruche. Ce n’est pas bien, donc on interdit, sans vouloir regarder la réalité en face, sans voir que l’interdiction est inefficace ».
Car tous les experts s’accordent sur une aggravation de la situation au cours de la dernière décennie. D’ailleurs, en novembre 2010, un rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies mettait en évidence la banalisation de la circulation des stupéfiants. Selon celui-ci, plus de 20 % de la population de l’Union Européenne âgée de 15 à 64 ans, soit 75 millions de personnes, auraient déjà consommé des drogues, tandis que le nombre de Français ayant été témoins de consommation ou de trafic aurait augmenté, passant de 17,6 à 18,8 % entre 2007 et 2010. Des chiffres préoccupants mais qui n’étonnent en rien le maire de Sevran, Stéphane Gatignon.