LA LITTÉRARITÉ. Une grande hésitation se dessine quand il s’agit de définir le concept de « littérarité ». Cette hésitation varie selon les écoles et les tendances. Mais il n’en demeure pas moins que le « texte » reste l’unité de base de toute réflexion se rapportant à la littérarité. Dans le Dictionnaire de la linguistique, édité par Georges Mounin (Paris : P.U.F., 1974), Vital Gadbois définit ainsi le terme «littérarité» : «Objet d'une hypothétique science de la littérature, elle se définit par la structure et la fonction propres au discours littéraire, ce qui implique la définition d'une non-littérarité. La littérarité serait à la littérature ce que la langue est à la parole chez Saussure, c'est-à-dire ce que toutes les œuvres de la littérature ont en commun, dans l'abstrait, comme système.»(pp.205-206). On remarquera d’emblée l’utilisation du terme « hypothétique » et le conditionnel « serait ». Roman Jakobson, faisant partie de l’école des formalistes russes s’intéressera quant à lui à faire une comparaison minutieuse de la langue poétique utilisée dans les poèmes russes avec la langue quotidienne. Aussitôt, il arrive à faire le décompte des données phoniques, métriques, morphologiques et syntaxiques qui structurent le texte poétique. Pour tenter de dégager des lois esthétiques, les formalistes russes comparèrent les œuvres les unes aux autres et affirmèrent que toute œuvre d'art est créée, disaient-ils encore, en parallèle ou en opposition à un modèle : ils posèrent ainsi l'un des principes de ce que l'on appellera plus tard l'intertextualité, au terme d'une opération de déplacement du scripteur vers le lecteur. Cependant, on leur reproche de réduire la littérarité à de simples marques formelles, repérables dans tous les textes littéraires contrairement à la langue commune ou scientifique. Selon les structuralistes, la langue