La lâcheté
Pb : La lâcheté : vice pitoyable ou sagesse suprême ? * INTRO : On s’efforce d’inculquer aux enfants le respect du courage en leur narrant des histoires de héros pour susciter leur admiration, et l’enfant admire… ce qui ne l’empêche pas, le cas échéant, d’échapper par de lâches mensonges aux punitions qu’il sait mériter. Plus tard, l’adulte prend aisément conscience des facilités que la lâcheté peut procurer à son existence et en outre il se trouve souvent sollicité par la tentation de l’opportunisme, car la lâcheté présente à la fois pour lui l’avantage d’être facile et, pense-t-il, utile. Aussi, au lieu de céder à la tentation jour après jour, peut-il sembler souhaitable de poser nettement le problème et de se demander si la lâcheté, loin d’être un vice pitoyable, comme on le dit, ne serait pas une suprême sagesse et ne devrait donc pas être érigée en ligne habituelle de conduite.
La question peut sembler paradoxale. Mais n’arrive-t-il pas, bien souvent, d’admirer de ces gens étonnamment conciliants, ne tenant tête à personne, évitant prudemment tout arbitrage dans les conflits et courbant prestement l’échine comme pour donner moindre prise lorsque c’est à eux que la bourrasque semble s’intéresser. Or souvent on remarque, avec amertume parfois, que de tels individus semblent bien avoir raison : toute chose passant avec le temps, c’est avec raison qu’ils ont évité de se mettre dans des situations pénibles ou désagréables. Ainsi le lâche peut-il faire figure de sage et l’opportunisme de philosophie : à côté de celui qui s’engage dans les conflits et qui porte parfois, même physiquement, la marque d’une certaine crispation ou les stigmates de l’inquiétude, celui « qui évite » paraît faire preuve de la sérénité du sage stoïcien, ou, s’il est triste ou abattu, de la soumission et l’humilité chrétiennes.
* I/ La lâcheté : évite, ou diminue, les tensions dans l’immédiat A) En effet, la lâcheté a pour avantage d’éviter (ou de diminuer) les