La mafia
Des poubelles qui jonchent les rues de Naples, un milliardaire russe assassiné dans une paisible station des Alpes, un pouvoir mexicain qui déploie l’armée pour mettre fin aux prises d’otage, l’actualité nous rappelle régulièrement que nos sociétés doivent toutes composer avec des structures bien organisées et destructrices : les mafias. Ces structures ne sont ni des gangs, ni des groupes terroristes, elles regroupent des activités criminelles, soumises à un pouvoir collégial occulte et reposent sur une stratégie d’infiltration de la société civile et des institutions.
Mais est-il juste de conserver le pluriel lorsque l’on aborde l’organisation des mafias ? Le monde économique et mondialisé est souvent décrit comme une entité chaque jour plus unifiée et traversée d’interconnexions. Ne pourrait-on pas penser que la partie sombre de ce monde, les mafias, s’organisent, elles aussi, selon le modèle d’un « global village » ? Au-delà des différences entre chaque organisation, n’y a-t-il pas un lien profond qui unit chacune des organisations criminelles par delà le monde ? Que l’on soit Yakuza, membre d’un cartel colombien ou fonctionnaire corrompu dans une URSS déchiré par un système en crise, la mafia apparaît comme une grande famille pour laquelle il est nécessaire d’entretenir des liens avec les différentes parties du monde afin de soutenir le marché du crime.
Attachons nous donc d’abord à relever les convergences entre toutes ces mafias, les dénominateurs communs qui animent chacune de ces organisations. Ont-elles les mêmes structures, les mêmes valeurs ? Tant de questions qui trouvent leur intérêt dans l’implication qu’elles ont dans nos sociétés. Ce travail nous amènera à reconnaître les limites d’un modèle unique entre chaque mafia : les différences régionales sont importantes entre une triade et un cartel, voire entre les mafieux de Sicile et ceux de Naples. Dès lors, Il s’agit de mettre en évidences les liens qui dépassent ces particularismes