La maison du berger
Les Destinées (1864), « La Maison du Berger » (III - vers 302 à 336)
On peut dire de notre texte (et de l’ensemble de l’œuvre, peut-être) qu’il s’agit d’une poésie romantique qui est déjà loin de nous. La poésie de Vigny, en général, se veut philosophique. Au XIXe siècle, c’est déjà l’étiquette qu’on collait sur Vigny. Le poète s’oriente vers le poème au sens strict du terme, c’est-à-dire vers un discours développant des idées sur l’humanité et sur la condition humaine. D’ailleurs, le titre du recueil va dans le sens de cette orientation. Le poète présente un discours proche du stoïcisme, il y répond par un lyrisme du couple opposé au lyrisme de la nature. Notre texte, constitué de septains Strophes de sept vers. dont les vers sont des alexandrins, est un poème qui invite la femme à quitter la vie urbaine ; le poète s’isole dans la nature (considérée en tant que création de Dieu) et la femme devient l’intermédiaire entre le poète et les hommes ; la souffrance est transformée en grandeur par le couple.
Première strophe : le poète dénonce la froideur et l’indifférence de la nature, et celle-ci se révèle implacable à l’égard de l’homme. Le poète demeure fasciné par la nature : elle est comme un maléfice, un charme (isotopie du regard).
Deuxième strophe : le poète s’adresse à la femme. On relève des traits propres au lyrisme, et ce lyrisme est proche du ton élégiaque. On note le champ lexical de la douceur, douceur qui renvoie directement à la figure féminine (qui est perçue comme un ange). Cependant, la féminité est vue globalement comme une figure pâle et morbide. Les assonances en [ã] et en [õ] allongent la strophe tout entière. La fin de la strophe signale un univers négatif qui rappelle celui de la nature.
Troisième strophe : le poète revient vers la nature : elle écrase l’homme, et la douceur de la deuxième strophe est brisée. Le poète rappelle le caractère immuable de la nature : « vivez » / « revivez sans cesse »