La paternité dans "le pere goriot
La figure du père
Introduction
C’est autour des trois personnages principaux masculins du livre, le père Goriot, Vautrin et Eugène de Rastignac, que s’installent à la fois l’intrigue et les réseaux thématiques essentiels de l’œuvre.
Je vais me concentrer sur les deux figures paternelles du roman : Goriot et Vautrin.
En quoi ces deux personnages se complètent-ils ou divergent-ils ?
Nous montrerons comment chacun d’eux est l’intermédiaire d’une part original de l’important investissement affectif et intellectuel que Balzac a mis dans ce livre autour de la double idée de paternité et d’éducation.
Nous verrons dans un premier temps comment Goriot incarne la paternité torturée, puis nous verrons comment Vautrin incarne, lui, la paternité diabolique.
1. Goriot, incarnation de la paternité torturée
Personnage éponyme du roman, c’est-à-dire qui donne son nom au livre, Goriot est la figure sinon la plus complexe, du moins la plus explicite et la plus pathétique du thème de la paternité. L’ancien vermicellier incarne « la paternité d’instinct, de passion et à l’état de vice… » (D'après Balzac). La paternité d’instinct par sa sensibilité, passionnelle par son caractère total et exclusif, « vicieuse » par ses excès et ses ambiguïtés. Goriot existe tellement par cette passion pour ses deux filles qu’il finit en réalité par n’exister que pour elles et par elles, oublieux de tous les autres sentiments ou calculs qui ne serviraient pas cette tendresse jalouse et égoïste. Généreux et indulgent à l’extrême dès qu’il s’agit de «Fifine » ou de « Nasie », le père Goriot, aveuglé par son obsession paternelle, peut ainsi se montrer d’une indifférence totale à l’endroit d’autres souffrances comme celles de Victorine. La passion mortelle et usante qui l’habite est nourrie de folies et d’ambiguïtés. Père veuf trop tôt, il a dû