La poésie
INTRODUCTION
« Le poète a toujours raison », Aragon
« La poésie est de toutes les choses humaines la plus voisine des choses divines, V. Hugo La poésie est en même temps domaine réservé (sacré, réservé à des initiés) et chose du monde la plus commune (tout le monde a une idée de la poésie, connaît au moins quelques poèmes). La poésie tient du sacré : les discours des prophètes bibliques sont les modèles par excellence du langage poétique (sous l’impulsion de Dieu, dans une forme de structure binaire qui multiplie les parallélismes, ex avec le Coran) Orphée, fils d’Apollon et de la muse Calliope est le premier et le modèle de tous les poètes et musiciens. Les pouvoirs magiques d’Orphée symbolisent les pouvoirs que la poésie est réputée donner sur les hommes et les choses. Le poète apparaît comme l’homme qui transgresse les interdits et ose regarder l’invisible en face. La descente aux Enfers d’Orphée s’apparente à l’aventure mentale, à la quête initiatique que poursuit le poète dans sa descente au fond de lui-même par l’exploration du langage. Orphée revit en chaque poète, et tout poème tient son pouvoir de séduction du héros qui séduisit les dieux de la mort eux-mêmes. De tels pouvoirs s’enveloppent nécessairement de quelque obscurité, or la force du poème ne peut que s’augmenter du mystère dans lequel on le drape, d’où la tendance de certains poètes à dissimuler leur activité aux yeux profanes (ex Mallarmé qui préconise « des formes hiératiques dont l’étude aride aveugle le profane »). La poésie doit s’admirer de loin, comme une idole inconnaissable, on ne peut l’approcher que par intuition. Universalité du phénomène poétique : aucun peuple sans poésie. Mais l’extrême variété de ses formes et fonctions rend difficile de proposer une définition unifiante. Et même, dans une même tradition culturelle, la conception de la poésie se transforme avec le temps. T. Todorov distingue 3 grandes familles dans la poésie occidentale