LA PROPAGANDE SUCRIERE EN FRANCE

La France est le premier producteur de betterave au monde. L'industrie sucrière lutte pour ses intérêts dans les médias mais aussi dans les institutions et auprès des élus. Enquête sur un lobby qui ne cesse d'agrandir son influence.

Du 24 au 29 mars dernier, à Nice, toute l'industrie du sucre est réunie pour l'un des événements majeurs de l'année : le championnat de France du dessert. Une compétition prisée par les chefs pâtissiers, ravis de se mesurer à la concurrence. Une compétition créée et entièrement financée par le CEDUS (Centre d'études et de documentation du sucre), le principal lobbyiste du secteur. Officiellement, le CEDUS est un « organisme inter-professionnel » du secteur agro-alimentaire.
Comment expliquer la place du sucre en France aujourd’hui ? Tout commence en 1806, lorsque Napoléon, alors opposé aux Anglais, ne peut plus importer de sucre, qui à l’époque était extrait seulement de la canne à sucre. En 1812, Benjamin Delessert, un botaniste, parvient à extraire le sucre de la betterave. Commence alors une gigantesque campagne de production de betterave en France. La filière sucrière se développe, si bien qu’en 1932, sa mission était à l’époque de promouvoir le sucre et sa consommation. Une mission qui s’est ensuite élargie, comme son influence. Alors que l'année 2011 avait pour grande cause nationale la lutte contre l'obésité, force est de reconnaître que deux ans plus tard, les avancées ne sont pas celles escomptées, loin de là. L’ombre du CEDUS plane aujourd’hui au dessus du monde scientifique, le monde éducatif collabore avec lui – grâce à des kits pédagogiques distribués aux professeurs de CM1 et CM2 - et les acteurs des différents métiers de bouche travaillent avec lui main dans la main. Le CEDUS fait feu de tout bois grâce aux évènements auxquels il participe ou qu’il sponsorise: le championnat de France du dessert, le salon de l’agriculture ou la semaine du goût.
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