La rationalité de l'argent affecte-t-elle le monde humain ?
a) L’argent, « sans odeur », n’a de valeur qu’usurpée. Cf. Alain : « L’argent est bête ». Pire : sa royauté laisse entendre que tout s’achète. L’argent met ainsi un prix sur les valeurs d’usage. ex : Simmel explique que l’argent se voit attribuer la valeur de ce qu’il permet d’acquérir. citations 5, 11.
b) L’argent asservit à sa logique consumériste. Il suscite mensonge et flatterie. ex : dans L'Argent, la baronne Sandorff se livre à Saccard par calcul ; Mariane étudie son discours pour plaire à Harpagon. citations 4, 7, 12.
c) Pris pour fin, l’argent s’érige contre toutes les qualités humaines et morales. Il substitue la justice à la charité, créant un monde à part, inaccessible. ex : Zola : « Ah ! l’argent, cet argent pourrisseur… » Cf. le « Tant mieux ! » d’Harpagon à la perspective de survivre à ses enfants. L’argent devient « le valet du valet. » (Simmel). citations 2, 10.
II - Antithèse : ... la rationalité même de l’argent est pourtant la condition de sa valeur morale :
a) L’argent est un moyen : il n’a pas de valeur morale en soi. ex : Simmel, montre que l’argent est le « moyen absolu » : il n’est que ce qu’en fait l’intention qui commande son utilisation (voir dans L'Avare le vol de La Flèche qui, en fait, arrange tout). citation 1.
b) Il a une valeur pratique : il facilite l’échange, dynamise le commerce, la société tout entière. Valeur identique pour tous, l’argent est créateur de liens. ex : chez Zola, le nom, même antiphrastique, de la Banque Universelle est révélateur. citations 6, 14, 15.
c) Moralisé, l’argent tempère les passions. Il donne les moyens d’être bon et vertueux, récompense le travail. ex : dans L'Argent, on peut évoquer la générosité de Mme Caroline ou de la princesse d'Orviedo. citations 3, 9.
III - Synthèse : l’argent est plus moral dans sa rationalité que dans les passions