La relation innovation emploi dans les services
Faridah Djellal, Faïz Gallouj (*)
La question de l’innovation dans les services et de ses relations à l’emploi est une question fondamentale, qui paradoxalement n’occupe pas la place qui lui revient dans la littérature économique. Cet article tente, à titre essentiellement programmatique, d’articuler la question de l’emploi aux principaux travaux empiriques ou théoriques qui ont été consacrés à l’innovation dans les services. Bien qu’unanimement considérée comme fondamentale, cette question est relativement peu exploitée : en effet, l’une des variables de la relation (à savoir la question de l’innovation dans les services) n’est pas encore clairement élucidée sur le plan théorique. Le caractère encore flou de la nature et du statut de l’innovation dans les services conduit à considérer comme hasardeuse toute tentative d’analyse des conséquences de cette innovation sur l’emploi. Il s’agit-là pourtant d’un champ de recherche important sur le plan théorique et des politiques publiques qu’il faudrait explorer davantage, à la fois sur le plan micro, méso et macroéconomique, que ce soit par le biais de la construction théorique déductive ou de l’analyse inductive qualitative ou statistique. Ce sont les deux axes généraux de recherche que l’article explore, dans une volonté de fournir un premier cadrage pour une réflexion à développer.
La question de la relation entre le changement technique et l’emploi est une question ancienne et fondamentalement complexe, à la fois sur le plan théorique et empirique, indépendamment même du problème du secteur concerné (FREEMAN, SOETE, 1987 ; PETIT, 1995 ; VIVARELLI, 1995). Elle renvoie à des causalités multiples et contradictoires, directes et indirectes. Elle ne semble pas pouvoir être abordée de manière satisfaisante par l’intermédiaire d’un nombre réduit de mécanismes généraux, ni à un seul niveau d’analyse, micro, méso ou macroéconomique. Les débats autour de la