La religion dans don juan
L’Eglise catholique espagnole va utiliser la popularité et le succès du théâtre pour mettre en garde ses fidèles et leur rappeler les principes de la foi.
La pièce El Burlador de Sévilla, n'échappe pas à la règle. (d'ailleurs les meilleurs dramaturges de l'époque sont aussi des religieux.)
(En 1971, Serge Maurel étudie L’Univers dramatique de Tirso de Molina en disant : « Ce n’est qu’au sein de ce système du péché qu’il nous sera possible d’entrevoir la signification profonde du personnage et la mission d’édification qui lui est dévolue, le pourquoi en vue duquel il a été créé » car « El Burlador de Sevilla nous conduit, une nouvelle fois, à l’étude de la science dramatique faite pour contraindre le spectateur, le vaincre et le convaincre de se réformer lui-même. »)
I. Un héros baroque.
Tout d‘abord, Tirso de Molina met en scène Don Juan, un héros baroque qui vit dans l'instant et en toute liberté en défiant les lois des hommes. Or ce comportement subversif incarne les remises en question de l'époque et les grands courants de pensée qui commencent à ébranler l'Europe. Notamment, depuis la Renaissance, l'homme se demande de plus en plus s'il est libre ou s'il ne fait que suivre son destin, fixé par la main de Dieu. Ce débat sur la liberté de l’homme et la question de la prédestination est l’un plus fondamental que l’Europe ait connu aux XVI ème et XVII ème siècles. Il ne faut pas oublier que l’Espagne demeure entièrement catholique au XVII ème siècle face à une Europe divisée sur la question religieuse suite aux nouvelles théories d’Erasme et de Luther qui remettent en cause le dogme catholique. Et on peut dire que par ses aventures, son comportement et ses paroles, Don Juan illustre ce débat d’actualité au moment de la création de la pièce de Tirso de Molina. Or, ces questionnements sont inquiétants pour l'Église qui ne souhaite pas une remise en cause de sa suprématie.