La responsabilité sans faute
Le principe de responsabilité est une notion essentielle en droit français ; en effet, il est explicitement mentionné dans le Code Civil, dans les articles 1382 et suivants : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer » (art.1382) ; « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou son imprudence » (art.1383). Cependant, la distinction entre responsabilité et faute est faite dès l’article 1384, qui distingue le dommage qu’un individu cause par son propre fait, de celui qu’il cause par le fait des « personnes dont il répond ou des choses qu’il a sous sa garde » ; les articles 1385 et 1386 vont quant à eux au-delà de cette idée abstraite, en lui ajoutant deux exemples : la responsabilité du propriétaire d’un animal, et la responsabilité du propriétaire d’un bâtiment. La spécificité du droit français dans sa distinction entre droit privé et droit public nous amène cependant à considérer la question de la responsabilité sans faute sous deux aspects différents : le premier, celui du droit civil où, comme nous l’avons dit, cette notion s’est développée relativement tôt dans le droit positif, de façon théorique, avant d’évoluer au fil du temps dans le cadre général de l’évolution juridique ; le deuxième, celui du droit administratif et des régimes spéciaux qu’il a longtemps comporté en France, notamment jusqu’en 1873 avec l’arrêt Blanco, qui établit tardivement la notion de responsabilité administrative, rendue encore plus complexe par le fait que l’Etat est avant tout une personne morale dont la responsabilité ne peut être engagée de façon générale ou absolue. Nous verrons dans un premier point comment la notion de responsabilité sans faute s’est développée en droit civil, mais aussi en droit administratif : en droit civil, nous verrons comment se divisent les différents types de