La résistance
Le numéro du journal clandestin Pantagruel, qui, en octobre 1940, demande aux Français de se rallier au général de Gaulle et célèbre en ces termes le général de Gaulle : « Ralliez vous moralement au général de Gaulle, qui seul, maintient à la face du monde les traditions françaises d’héroïsme et de respect de la parole donnée », apparaît exceptionnel.
C’est donc un « accord raisonné » davantage qu’une « adhésion sans réserves », pour reprendre les termes de l’historien Laurent Douzou, qui définit le gaullisme affiché par les principaux mouvements de résistance non communiste à partir de 1942. Dans ce processus, « l’homme du 18 juin 1940 », expression qui revient fréquemment pour qualifier le général de Gaulle, renvoie à l’acte fondateur de celui qui est ainsi devenu le « symbole de l’unité et de la volonté françaises », comme le proclame le journal clandestin Libération en février 1942. Si l'on date la résistance extérieure, la France libre du 18 juin 1940, jour où le général de Gaulle a prononcé son premier discours de Londres affirmant que la France avait perdu une bataille, mais non la guerre, on ne date pas la résistance intérieure. Cette résistance est le fait d'hommes qui refusent l'occupation allemande et la défaite des armes. À une immense majorité, les Français bousculés sur les routes de l'exode avaient donné leur adhésion au maréchal Pétain. Le chef de l'État s'engage successivement dans la « révolution nationale » dès juillet 1940, dans la « collaboration » avec l'Allemagne (Montoire, oct. 1940), puis dans la lutte contre la « dissidence » et la Résistance et dans le Service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne : chacune de ces étapes pousse un nombre croissant de Français au refus, puis au combat. L'occupation de la zone sud, en novembre 1942, amènera l'extension de la résistance dans cette zone et permettra paradoxalement l'unification progressive des mouvements des deux zones, dans une opposition politique et