La seconde génération d'immigrés en france
Depuis le milieu du XIXe siècle, l'histoire de France est intimement liée à celle de l'immigration. Les migrations de masse ont contribué au développement de la population, mais aussi à transformer les cadres économiques, politiques et culturelles de la société. La formation de l’identité nationale française s'est effectuée conjointement à la définition du statut des "étrangers" (Brubaker, 1992; Weil, 2002). Pourtant, si une « question des étrangers » traverse bien la société française depuis plus d’un siècle, il n’y a jamais eu de « question de la seconde génération », comme l’ont montré de nombreux travaux récents (Noiriel, 1988 ; Blanc-Chaléard, 2001). Curieux paradoxe, si on compare cette absence à la place importante qu’occupent les débats sur la "nouvelle seconde génération" aux Etats-Unis (Portes, 1996 ; Perlman and Waldinger, 1997 ; Zhou, 1997). Ce contraste s’explique avant tout par les représentations véhiculées par le modèle français d’intégration dont l'objectif est de transformer les immigrés en citoyens français en une génération. Le code de la nationalité garantit ainsi, en ouvrant à la naturalisation et en attribuant automatiquement, à leur majorité, la nationalité française aux enfants d'étrangers nés en France, la disparition des étrangers sur une génération. La doctrine implicite est qu'en devenant Français (par la nationalité), les immigrés et leurs descendants ne se distinguent plus des autres citoyens (par leurs pratiques). En contrepartie de l'invisibilité des pratiques culturelles et de l’absence d’expressions et revendications particularistes dans l'espace public, le système assure, de jure, l'égalité des citoyens devant la loi et dans l'accès aux droits quelle que soit leur origine. Dans le modèle français d’intégration, l’idée même d'une "seconde génération" est une aberration, non seulement parce que la transmission