la solitude
Si l’on devait développer une réflexion critique sur la notion de solitude, l’un des enjeux de cette réflexion serait de déterminer en quoi la solitude, en tant que concept générique, pourrait être une notion problématique pour l’esprit, et en quoi son élucidation pourrait constituer un intérêt pour le sujet humain. Dans cette perspective une définition de la notion de solitude semble tout d’abord nécessaire. Selon le dictionnaire Larousse, la solitude est un état d’isolement ou d’esseulement. Elle peut renvoyer ainsi, dans la perspective de la vie ou de l’existence quotidienne, au fait de vivre à l’écart des autres de manière volontaire ou involontaire.
Posée de cette façon, la solitude apparait tout de suite contradictoire à la nature sociale de l’être humain. En effet l’homme est un être qui tend toujours à vivre en société, au milieu de ses semblable et non en situation de solitude ; il est un animal politique disait Aristote. Dès lors qu’est-ce qui peut justifier qu’il puisse sombrer ou se complaire dans la solitude ? Pourquoi l’être humain vivrait-il dans la solitude ? La solitude n’est-elle pas une situation difficile à vivre et à supporter ? Est-elle au contraire une situation salutaire ?
S’il est plus aisé de comprendre qu’une personne tombe dans la solitude parce qu’elle se sent exclue et mise à l’écart par la société pour une raison ou une autre, il est par contre difficile de comprendre qu’une personne se place elle-même dans une telle posture. Pourquoi choisirait-on délibérément de s’écarter des autres et de vivre en solitaire ? La solitude permet-elle à l’individu de régler certains problèmes ?
D’autre part, est-ce que « être dans la solitude » veut toujours dire s’écarter des autres et être loin du monde et des affaires mondaines ? Le solitaire est-il celui-là qui est étranger à son monde et s’en écarte ? Ou au contraire c’est celui qui s’installe mieux dans le monde et parmi les autres, parce qu’il s’en est d’abord écarter ?