La solitude
Jacques GAUCHER
Directeur Institut de Psychologie - Lyon Il Accompagner et Soigner n021-1995
Toutefois, l’avance en âge et la perspective du grand âge convoquent l’individu à la solitude par le simple fait de la proximité de la mort.
Avant tout il semble indispensable de définir mieux le vocabulaire afin d’éviter les confusions souvent entretenues évoquées précédemment.
L’isolement est un phénomène objectif, quantifiable et auquel il est possible de répondre de façon objective et concrète. L’isolement est souvent évoqué selon une véritable fonction d’écran par rapport à la solitude. Les réponses à l’isolement ne répondent pas à la solitude et parfois même l’aggravent.
La solitude est liée à l’individualité. Etre seul, être dans la solitude, c’est être unique. La solitude est un peu comme le revers de la médaille de l’individualité au sens ou ne pas être confondu avec son entourage, avoir la possibilité d’une reconnaissance singulière, c’est quelque part être voué à la solitude.
L’homme est paradoxal, il est « un » et il est « relation ». On peut être terriblement seul dans un groupe et a fortiori dans une foule ; l’environnement est, en effet un écrin de solitude et tout particulièrement si l’on se réfère à la fonction qu’occupe l’entourage chez le petit enfant, et plus précisément à la fonction maternelle dans ce moment de la nécessité pour l’enfant d’être capable d’une certaine solitude. La constitution de la collectivité est à ce niveau, une induction de solitude et l’on sait que l’institution est, paradoxalement un vecteur de solitude.
J’évoquerai à cet endroit de notre réflexion, deux fantasmes qui nourrissent quelques-uns de nos rêves ou de nos cauchemars. Il s’agit, d’une part de l’idée, voire du souhait de l’autoreproduction, en ce sens qu’il n’y aurait plus d’écart marqué entre les générations, entre soi et ses parents,