Sophie Hamon Université de Paris X- Nanterre UMR MoDyCo 7114 In D. Leeman (dir.), 2002, LINX, 46 : 25-36. LES CONJONCTIONS CAUSALES ET LA PROPRIETE D’ENCHASSEMENT1 1- La propriété d’enchâssement d’une phrase complexe Dans le cadre d’une étude des propriétés formelles qui distinguent les conjonctions dites de cause2 (principalement car, parce que, puisque, vu que et étant donné que) la question de l’enchâssement est incontournable. Cette propriété de subordination permet d’ailleurs de séparer, dans les énoncés, ceux que l’on reconnaîtra comme « phrases » ; ainsi, Au secours ! (*Elle a crié qu’au secours.) n’est pas une phrase. Appliquée aux conjonctions causales, elle se définit comme suit : si un énoncé, contenant une proposition A et une proposition causale B, est enchâssé dans une autre proposition C, alors deux cas de figure sont possibles : i) ou bien la proposition causale n’est pas comprise dans l’enchâssement et donc s’interprète comme portant sur l’ensemble formé par C + A (ex.1) ii) ou bien, la proposition causale est comprise dans l’enchâssement et donc s’interprète comme ne portant que sur A (ex.2) 1- [Julie sait que Paul a mangé tout le gâteau ] [parce qu’elle l’a vu] (C + A) B 2- Julie sait que [Paul a mangé tout le gâteau parce qu’il avait faim]. C (A + B) Plusieurs tests mettent en évidence la différence syntaxique et interprétative entre (1) et (2). Premièrement, si la proposition B est enchâssée, alors la proposition enchâssante C peut être supprimée sans que l’interprétation de la causale soit bouleversée, du fait que la causale B n’est liée logiquement qu’à A. Tel est le cas en (2) et non en (1), où l’énoncé reste curieux3 : 1a- * ? Paul a mangé tout le gâteau parce qu’elle l’a vu. 2a- Paul a mangé tout le gâteau parce qu’il avait faim. Deuxièmement, si B est enchâssé, alors A et B forment un bloc syntaxique et interprétatif tel qu’il ne peut être désolidarisé : la proposition A est difficilement pronominalisable (ex. 2b). Quand il y a