La tragédie selon anouilh
Introduction : Jean Anouilh développe une vision plutôt mauvaise de l'humain. Les mythes antiques contraint les dramaturges à faire périr Antigone et Jocaste, à salir les mains d’Oreste du sang d’Egisthe et de Clytemnestre, à crever les yeux d’Œdipe. A moins de transgresser radicalement l’héritage, ce qui est culturellement délicat, il faut s’en tenir au schéma narratif antique.
Les dramaturges du XXème siècle du conte originel ont creusé, plus encore que ne le firent Sophocle, Eschyle et Euripide, l’horreur, la profondeur du piège dans lequel sont enfermés les personnages. Le caractère inéluctable du destin des personnages et des hommes par assimilation, est tout entier dans l’inhumaine machine destinée à l’anéantissement mathématique d’un mortel. Tous les rouages sont parfaitement huilés. On ne peut s’empêcher de penser au film de C. Chaplin, les temps modernes, avec ses énormes engrenages qui broient les hommes sans jamais s’enrayer. Jean Cocteau a fait de cette machine infernale, le rôle-titre de sa pièce, allégorie du fatum, ce destin remonté à bloc, contre lequel se brisent les illusions. Le même aveuglement gouverne l’action d’Œdipe et de Jocaste chez Sophocle comme chez Cocteau. Ce dernier le rappelle dès l’ouverture : « avec son écharpe rouge, Jocaste se pend. Avec la broche d’or… Œdipe se crève les yeux ». Les héros sont pris comme des rats, bêtes immondes eux-mêmes écrasés par un ciel synonyme de divinités infernales, de destin mauvais mais aussi de courte vue, voire d’incompréhension. Jocaste dit mais ignore paradoxalement que son écharpe lui veut du mal. Et les exemples sont nombreux de situations qui trahissent l’enfermement du personnage dans un espace clos alors même qu’il croit s’en être échappé, comme Œdipe fuyant