la verite est bonne à dire
Par François HOUSSET | |
Est-il “bon” de dire la vérité : non seulement communiquer une bonne nouvelle, mais aussi annoncer sa mort prochaine au malade, dévoiler les travers d’un collègue ou la sexualité d’un homme public ? Où doit s’arrêter le souci de vérité de l’honnête homme ?
On vante les vertus de la lumière : éclairer la vérité crue, ne plus rien laisser dans l’ombre, permettrait une meilleure compréhension des choses. La véritable connaissance élargit nos horizons : ne nous cachons rien ! La morale réclame l’honnêteté, cela va de soi. Cependant la perversité humaine fait fi des beaux principes.
Nous sommes libres de mentir dès que nous prenons la parole, et ce pouvoir est formidable. Cette liberté de mentir peut s'avérer très utile. Elle peut sauver des hommes !
“Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’a tirées de ce premier principe un philosophe allemand qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime.”
Benjamin Constant La France de l’an 1797, sixième cahier n°1 “Des réactions politiques”, p.123
De même qu'un couteau a les mêmes vertus, qu'il soit entre les mains du boucher ou de l'assassin, la vérité a les mêmes vertus, qu'elle soit entre les mains d'une volonté de nuire ou de protéger. Les hommes de pouvoir s'entourent de secret : seuls détenteurs de certaines vérités, ils peuvent maintenir chacun dans l'illusion et ils sont prêts à asséner leurs révélations aux moments propices.
Le droit de savoir devient un vœu pieux. La vérité ne doit pas tomber entre n'importe quelle main ! On se ment donc.
Dilemme : les secrets sont autant dangereux que les vérités. Ils sécrètent leurs poisons (les secrets de famille, par exemple, peuvent