La vie d'un homme
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
BeQ
Stefan Zweig
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
Traduit de l’allemand par Olivier Bournac et Alzir Hella
La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Classiques du 20e siècle
Volume 90 : version 1.0
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Du même auteur, à la Bibliothèque :
Le joueur d’échecs
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Introduction
Au début de 1942, la radio de Paris nous annonçait que « l’écrivain juif Stefan Zweig venait de se donner la mort au Brésil » – nouvelle reproduite le lendemain en trois lignes par les journaux nazis de la capitale. Et ce fut ensuite le silence complet sur ce grand et noble écrivain qui avait acquis en France une renommée égale à celle de nos meilleurs auteurs.
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Stefan Zweig était né à Vienne, où il fit ses études, le 28 novembre 1881. À vingt-trois ans, il était reçu docteur en philosophie et obtenait le prix de poésie Bauernfeld, une des plus hautes distinctions littéraires de son pays. Il avait alors publié une plaquette de vers et une traduction des meilleures poésies de Verlaine, écrit des
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nouvelles et une pièce de théâtre. Mais il jugeait
« que la littérature n’était pas la vie », qu’elle n’était « qu’un moyen d’exaltation de la vie, un moyen d’en saisir le drame d’une façon plus claire et plus intelligible ». Son ambition était de voyager, « de donner à son existence l’amplitude, la plénitude, la force et la connaissance, aussi de la lier à l’essentiel et à la profondeur des choses ». En 1904, il était à Paris, où il séjourna à plusieurs reprises et où il se lia avec les écrivains de l’Abbaye, Jules Romains en particulier, avec qui, plus tard, il devait donner la magnifique adaptation du Volpone que des dizaines de milliers de Parisiens eurent la joie de voir jouer à l’Atelier et dont le succès n’est pas encore épuisé aujourd’hui. Il rendit ensuite visite, dans sa modeste demeure du Caillou-qui-Bique, en
Belgique, à Émile Verhæren, dont il devint le