La vocation de la poésie est-elle, selon vous, de célébrer l’amour ou privilégiez-vous d’autres fonctions ?
Selon différents auteurs, la poésie, forme particulière de la littérature, peut avoir une valeur d’éducation, d’engagement, d’exaltation du beau, ou de célébration de l’amour.
D’après Soljenitsyne : « Une littérature […] qui n’ose communiquer à la société ses propres souffrances et aspirations, qui n’est pas capable d’apercevoir à temps les dangers sociaux et moraux qui la concernent, ne mérite même pas le nom de littérature ». Soljenitsyne nous dit donc que l’écrivain, et donc le poète, doit s’engager entièrement dans tous ses ouvrages.
Jean-Paul Sartre, auteur et philosophe du XXe siècle, pense que la poésie a une autre fonction : « La prose se sert des mots, la poésie sert les mots » (Qu’est-ce que la littérature ?). Selon Sartre, le poète, contrairement au prosateur, considère le mot comme un matériau comme le peintre ses couleurs et le musicien ses sons. Il ne peut donc s’engager et est réduit à l’exaltation de tout ce qui est beau et à l’expression de ses sentiments et de son amour.
La poésie a-t-elle pour seule vocation de célébrer l’amour, ou peut-elle avoir d’autres fonctions ?
Nous étudierons en un premier temps les diverses fonctions que peut avoir la poésie, avant de s’attarder sur l’exaltation de l’amour, une de ses visées les plus répandues.
La poésie peut tout d’abord avoir une visée purement éducative. Les Fables de Jean de La Fontaine, par exemple, sont connues pour les diverses morales qu’elles communiquent au lecteur, d’autant plus qu’elles étaient à l’origine destinées au Dauphin pour l’éduquer – « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». La Cour du Lion, par exemple, nous apprend qu’il ne faut pas toujours dire ce que l’on pense ; Le Lièvre et la Tortue, que mieux vaut faire quelque chose lentement mais dans sa totalité que rapidement mais à moitié ; Le Corbeau et le Renard, qu’il faut se méfier des adulateurs.