La vérité est telle soumise au temps?
(publié dans le receuil Antiannales de philosophie – Éditions Bréal 2002) La question elle-même est une provocation. Car la vérité est. Elle n’est soumise à rien. Par contre (et c’est peut-être cela le sens de la question), ce que l’on considère comme la vérité est souvent soumis au temps tout comme à la bêtise, à l’ignorance, à la rigidité d’esprit, au mal de vivre des uns, aux préjugés des autres, aux diktats du pouvoir, de l’église, du parti... Tout comme elle est souvent soumise à l’attente de la science. La science qui met du temps avant de pouvoir établir que la terre est ronde, qu’elle ne s’était pas faite en six fois vingt-quatre heures, que nous sommes en train de réduire sa capacité à nous entretenir, que nous ne pouvons pas savoir si “Dieu” existe ou n’existe pas, que l’Union soviétique n’était pas porteuse de l’avenir radieux, que l’anti-sémitisme est une maladie remarquablement résistante à la réfléxion, à la raison et aux faits de l’Histoire, que les femmes sont opprimées par les hommes partout et depuis toujours, que la publicité est un cancer, que Johnny Halliday et l’union sacré à ses pieds est une très mauvaise blague, que je vais profiter de cette occasion pour dire n’importe quoi (de vrai), que no se puede vivir sin amar et que all of us are better when we’re loved et qu’il faut que le corps exulte...
Enfin... La science qui met du temps à établir la vérité, elle est évidemment soumise au temps mais la vérité qu’elle cherche ne l’est pas, peu importe si la science la trouve. Une vérité-soumise-au-temps n’est donc pas forcement la vérité et l’Histoire est noyée dans un océan d’exemples, souvent tragiques, qui le démontre... Tout comme certaines “vérités” du monde de nos jours qui ne sont pas sans rappeller celles “établies” par des illustres (et moins illustres) intellectuels à l’époque où ceux-ci ont fait preuve de non-assistance aux personnes en danger à