La reforme des comices centariennes
CENTURIATES AU IIIe SIÈCLE AV. J.-C. par Paul Guiraud
I. — Système de M. Mommsen.
On sait que Servius Tullius avait proportionné le service militaire à la fortune. Il avait voulu que chacun eût dans l’armée la place que lui assignait sa richesse, que tel chiffre de cens fit entrer un citoyen dans la cavalerie, tel autre dans les premiers rangs de l’infanterie, tel autre dans les derniers, enfin que la pauvreté fût une cause d’exemption1. …afficher plus de contenu…
Voilà donc une assemblée où, dans les premiers temps, tous les suffrages avaient la même valeur, et où plus tard la prépondérance appartint aux propriétaires fonciers. Cette réforme s’était opérée lentement, sans dessein prémédité, en vertu de cette espèce de force latente qui poussait les Romains de préférence vers l’aristocratie. Elle avait eu lieu pendant les cent cinquante années qui précèdent les Gracques, c’est-à-dire précisément à l’époque où l’on prétend que les comices centuriates subirent une transformation toute contraire. N’y a-t-il pas là une contradiction qui nous avertit que l’une ou l’autre de ces deux réformes n’a pas été accomplie ? et puisque …afficher plus de contenu…
Je n’ai pas contrôlé ce chiffre ; mais il ne parait point exagéré. En tout cas, cette classe jouait dans la société un rôle considérable. C’est d’elle principalement que sortaient ces hommes de finance qui, à Rome et dans les provinces, faisaient la banque et le commerce, qui prenaient à ferme la perception des impôts, qui se chargeaient même d’approvisionner les armées et d’exécuter les travaux publics. Ils trouvaient dans toutes ces opérations une source d’énormes profits, et ils savaient décupler par l’association leurs capitaux et leur influence. Ils avaient, à divers titres, une multitude de citoyens sous leur dépendance, et l’État lui-même, qui ne pouvait se passer de leurs services,