La scouine et l'homme et son père
Leur acte demeure donc une collision isolée, qui ne touchera personne d’autre. Ce n’est pas le cas de l’avare qui se réjouit du fait de nuire activement à tout son entourage. Certes, Séraphin songe froidement que « si la neige avait comblé les chemins et les clôtures jusqu’au mois de juin, l’existence aurait été pour lui plus prospère » (Grignon, l. 31-33). Les hivers au XIXe siècle québécois, sans électricité et avec peu de commodités pour beaucoup de villages, étant très rudes, de souhaiter une telle prolongation de cette saison afin de vendre du bois plus longtemps et de profiter de la souffrance des habitants rend ce personnage plus ignoble que celui de l’extrait de Laberge. Son avarice l’avait même poussé à laisser mourir Donalda pour l’oublier aussitôt : « Il se souciait peu de Donalda. Il n’y pensait plus. Il l’avait déjà oubliée »(l. 1-2). La gradation vient ici amplifier la rapidité avec laquelle elle glisse de sa mémoire. Son péché est tellement grand qu’il