LA 1 Les Bonnes de Jean Genet . De « Je vous hais ! » à «aller jusqu’au bout » l. 181 à l.235. Le 2 février 1933, un crime atroce défie la chronique : deux domestiques les sœurs Papin assassinent de façon sauvage leur maîtresse et sa fille. Ce fait divers sordide inspire un an après le poète Jean Cocteau qui écrit une chanson Anna la bonne . On peut penser que ces deux éléments ont joué un rôle dans la création de la pièce Les Bonnes de Jean Genet puisque l’auteur souvent qualifié de « maudit » lisait le journal Détective, spécialisé dans les crimes les plus horribles et fut aidé dans ses premières tentatives littéraires par Cocteau. Il n’est pas étonnant que le dramaturge né à Paris en 1910 ait été attiré par ces personnages hors normes, marginaux lui qui eut une vie mouvementée jusqu’à son entrée en littérature : adolescent, il fugua , il fut interné dans des maisons de correction ( comme nous l’a rappelé Modiano) et fit même de la prison. Quand Louis Jouvet met en scène la pièce en 1947 , cela provoque un certain scandale. Pourtant, à présent, c’est une des pièces les plus jouées de par le monde. Nous allons étudier le début de la pièce qui met en scène Claire et Solange , les deux « bonnes » de Madame. Nous nous demanderons quel sens prend cette mise en abyme ou scène de théâtre dans le théâtre , quelle utilité a cette scène.
I) Une scène de théâtre dans le théâtre déroutante.
Plutôt que d’être informé comme il en a l’habitude dans une scène d’exposition, le spectateur semble être perdu car il est plongé dans une situation qui semble pourtant bien définie : le décor bien décrit par la didascalie initiale montre une chambre à coucher bourgeoise avec deux personnages socialement différents : Claire, domestique (elle porte comme le dit la didascalie une robe noire de domestique ) et une madame, vêtue d’une combinaison. Les propos qu’elles échangent montrent bien une supériorité ,du moins pour le début, de la maîtresse. Pourtant à la fin de l’extrait