L'age d'homme, michel leiris, 1939
INCIPIT
Michel Leiris (1901 - 1990)
Un écrivain ayant travaillé la question autobiographique. Ses oeuvres principales sont : l’Âge d’Homme (1939) et La
Règle du jeu (4 tomes - 1948 à 1976). Il commence sa carrière en compagnie des surréalistes ("Glossaire, j'y serre mes gloses"). Pendant la guerre, il rencontre Sartre et Camus. Leiris va longuement réfléchir sur la question de l’engagement en écriture (l'écriture en tant qu'acte"). Il rajoutera une préface …afficher plus de contenu…
L’âge de l’écrivain. Le lecteur sait que le "je" n’est pas fictif. L’Âge d’homme est en effet précédé d’une préface et d’une prière d’insérer discutant de la question autobiographique. Le passé proche exprimé par un verbe modal venir « Je viens d’avoir... » révèle une très grande proximité entre le temps de l’existence évoqué et le temps de l’écriture. Leiris ne semble pas vouloir se raconter, mais s'exposer au lecteur, et sans doute à lui-même. La suite de l’extrait va développer une longue description de lui-même. "la moitié de la vie", expression mise en apposition pour caractériser l'âge atteint, renvoie aux célèbres premiers vers de l'Enfer de Dante : "Sur le milieu du chemin de la vie Je me trouvai dans une forêt sombre : Le droit chemin se perdait, égaré." (traduction de Henri Longnon) Néanmoins, cette allusion se …afficher plus de contenu…
Elle annonce une inspection de soi se voulant dépassionné, neutre, mais aussi, comme nous allons le voir, sur un mode dépréciatif. Nous verrons en quoi ce désir de s’exposer au regard des autres s'accompagne d'une auto-dérision, et d'un humour mélancolique et "sérieux". Champ de texte 5: « Faire le point sur moi-même et me dévoiler publiquement » Deux objectifs, parmi d'autres, exprimés dans sa préface. Ils expliquent en partie le choix du présent de discours. Avant l'introspection souvent observée dans l'écriture autobiographique, Leiris cherche à s'exposer aux lecteurs le plus précisément possible. Il s'accompagne d'une syntaxe simple, déclarative - dont les verbes sont d'une grande neutralité : "être", "avoir". Ces verbes n'expriment rien ; il ne servent qu'à