Langues secrètes et argots
Depuis un peu plus d’une décennie, on assiste à une floraison de recherches consacrées aux ‘‘ parlers argotiques ’’, c'est-à-dire à des variétés ou des modes d’expressions et de communication plus ou moins spécifiques, parlés par des groupes de jeunes à l’échelle d’une bande, d’un quartier, d’une ville, voir d’un pays. Parmi les critères linguistiques qui ont été avancés pour permettre de distinguer entre différents types de langues secrètes et d’argots, on note une plus grande transformation morphologique et phonologique dans les langues secrètes alors que les argots se caractériseraient essentiellement par leur manipulation lexicale.
[ʔraḍaːr mkuːḍi ɛliːnaː]
Voici un exemple du parler argotique. Pour un interlocuteur non intéressé, cette expression doit être tout à fait incompréhensible. On peut supposer qu’il s’agit d’un langage d’un groupe social qui s’efforce de crypter le message. Traditionnellement, le fait de crypter le message a été associé aux malfaiteurs ou aux basses couches de société qui visaient à exclure une tierce personne de la conversation afin de l’escroquer, tromper, etc. Or, en observant cet exemple, on s’aperçoit que les fonctions primordiales de ce langage sont les fonctions ludique et conniventielle. Pour « démasquer » le message nous allons proposer de le traduire en français standard.
« Le professeur s’est mis à nous guetter »
Après avoir décrypté le message, on peut également supposer qu’il s’agit d’un langage d’étudiants, plus précisemment, un argot des lycéens lors d’une situation de tricherie en classe. Dans notre recherche, nous allons aborder la question de l’existence de ce langage spécifique des lycéens qui pratiquent la fraude scolaire. De cette petite expression, on peut supposer que l’argot des étudiants qui trichent lors des examens scolaires existe et qu’il est parlé au sein d’un groupe de lycéens qui font leurs études au lycée Abdelkrim Khattabi à Rabat. Le but primordial