"Las, où est maintenant ce mépris de fortune" les regrets de du bellay
Le Prosodiaque Direction de la publication
A l'attention du rédacteur en chef.
Le 4 janvier 2005
Madame, Monsieur,
Je tiens, à travers cette lettre, à vous faire part d'une singulière "aventure poétique" qui m'arriva lors de l'épreuve de baccalauréat de Français …
Comme les trente autres suppliciés réunis dans cette salle austère, je m’apprêtais à opérer une lecture analytique et studieuse des différents textes proposés, mais la chance (la fortune ?) voulut que le premier du corpus fût le sonnet VI du recueil Les regrets de Joachim Du Bellay publié en 1558.
L'effet sur moi fut saisissant et je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager le plaisir que j’ai eu à lire ce poème. Tous les fondements de la poésie sont dans ce texte : La forme, précise et rigoureuse, de laquelle le thème, puissamment lyrique et cher à la Pléiade prend son envol, et la beauté paradoxale née de ce mariage de la rigueur et de la liberté.
La construction sans défaut de ce sonnet est un modèle du genre, dans le plus pur style Pétrarquiste: On y retrouve, bien sûr, l'organisation strophique fondée sur la succession de « deux quatrains de mesure pareille » et de deux tercets mêlés de la petite musique « mécanique » amplifiée par le rythme particulier de l’alexandrin. L'alternance des rimes masculines et féminines est aussi présente jusque dans le dernier tercet où Du Bellay pousse le jeu jusqu'à obtenir trois rimes en "i" chargées de mélancolie, sans pourtant violer les règles du quatrain. Chaque strophe traite d'un sujet différent : la jeunesse invincible, immortelle dans le premier quatrain, la jeunesse synonyme d'ivresse, de plaisir et d'insouciance dans le second puis la désillusion et les regrets dans le premier tercet et