Le bord de la mer
Introduction
1) Dans les Châtiments, Hugo en exil entreprend de punir Napoléon III. Dans plusieurs poèmes, le dialogue théâtral fait irruption dans la poésie.
2) Dans “Le bord de la mer”, il met en scène la nature tout entière et les allégories de réalités abstraites – nature, justice – qui encouragent Harmodius, tyrannicide de l’Antiquité grecque, à délivrer le pays d’un tyran sans merci.
3) Nous montrerons que dans cette scène à grand spectacle, Harmodius est en proie à une difficile délibération : faut-il ou non tuer le tyran ? Le meurtre d’un tryran est-il légitime ?
I) Une scène romantique à grand spectacle
1) La multiplicité des personnages
-personnages humains : Harmodius, un forçat, un voleur, la voix,
- objets symboliques : l’épée (de la vengeance), la borne (lieu du futur crime), le navire (qui emporte les proscrits), le tombeau (des morts massacrés par l’empereur)
- entités abstraites : la loi, la justice, la liberté, le serment, la patrie, la conscience
- éléments de la nature : terre, mer, vent, le feu à travers l’étoile Vénus
L’ensemble (17 personnages) rend compte de l’universel débat, impossible sous le Second Empire : symboliquement, Hugo donne la parole à ceux qui ne l’ont pas.
2) Une atmosphère dramatique
Décor sinistre : “nuit”, “ombre”, “vent”
Toile de fond : mode occupé par des proscrits, des exilés, des expirants, des morts, des cadavres, une prison…
Moment de crise : “c’est l’heure”
Présence de la fatalité : la nuit “vient”, le “tyran va passer”, “attendons”
Etrangeté des bruits : les “voix” et les “cris” résonnent.
Vaste mouvement de fuite (nombreux verbes kinesthésiques) : on “descend”, on “s’agite”, les oiseaux fuient (“nous fuyons”), la liberté aussi (“je m’enfuis”), le serment demande aux vents d’”emporter” l’honneur et la vertu”
3) Un monde fantastique
Références antiques : Harmodius, personnage historique meurtrier d’un tyran du VIe siècle av. J.-C. ;