Le conflit au théâtre
Dissertation :
Qui ne se souvient pas des coups de bâtons donnés par Scapin à Géronte dans Les Fourberies de Scapin de Molière ? Le rire et l’amusement étaient alors à leur comble. Il est de la nature humaine d’aimer le conflit or « Le théâtre est un art du conflit, du polémique », affirmait André Steiger. Si bien que sans conflit, le théâtre n’existerait pas et ne ferait pas un tel effet sur nos personnes. Mais on peut se demander par quels moyens arrive-t-il ainsi à mettre particulièrement en valeur ce conflit ? Possèderait-il un style qui lui est propre ? Serait-il un lieu double et ouvert ? Ou bien plus encore, disposerait-il de fonctions avantageuses pour les auteurs ?
La force d’une représentation théâtrale est le discours. Ce discours est marqué par une double énonciation : le spectateur admet par convention que le personnage parle aux autres personnages. Cependant, même si le public n’intervient pas dans le dans le dialogue qui se déroule sur scène, les acteurs parlent aussi à l’intention du public. Ainsi, lors d’une dispute entre deux personnages, le spectateur y participe et prend part à la dispute. Dans la Controverse de Valladolid de Jean Claude Carrière adapté sous forme théâtrale qui oppose le philosophe Sépulvéda au dominicain Bartolomé de Las Casas à propos de la nature des Indiens , le spectateur est là, attentif, et attend l’issue du combat « Supérieur.- Et ils ne se défendaient pas ? Las Casas.- Ils ne comprenaient pas qui nous étions […] Qui sait ? Peut-être pensaient-ils au début que ce n’était qu’un simulacre de la mort ? […] Que les cadavres allaient se relever, marcher et rire ? ». A qui ne connaitrai pas « C'est un roc!...c'est un pic!...c'est un cap! Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule! » Sacrilège ! Notre bon vieux Cyrano en serait affligé. C’est ainsi qu’au théâtre, l’échange peut opposer de longues tirades qui donnent toute sa vraie mesure au conflit. Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand, lorsque ce