Le couple maître-valet
Les deux protagonistes principaux sont presque toujours en scène, et ensemble. La plupart des scènes sont organisées autour de leur dialogue. Leurs rapports apparaissent donc en même temps comme fondamentaux dans la pièce et comme complexes.
1 — Deux révélateurs
La présence de Sganarelle s’explique par des considérations d’ordre dramaturgique : dans une comédie de caractère, le personnage principal ne saurait être isolé ; il a besoin d’un regard extérieur ou d’un faire-valoir. Sganarelle remplit ces deux fonctions.
Ainsi Sganarelle exprime-t-il la réprobation morale que lui inspire Don Juan : ce dernier, dans les paroles de son valet, apparaît comme vil, immoral, athée, …
Plus étonnant, l’inverse aussi est vrai : Sganarelle est autant révélé par Don Juan que ce dernier l’est par son valet. Le maître éclaire constamment les traits caractéristiques de la personnalité de son serviteur
: verbiage, crédulité, lâcheté, gourmandise, etc.
Mais la révélation de l’un par l’autre va plus loin : en révélant l’autre, ils se révèlent eux-mêmes.
Lorsque le valet souligne l’impiété de son maître, c’est sa piété frustre qu’il met en valeur ; par le plaisir que Don Juan montre à enfermer Sganarelle dans ses propres contradictions, c’est sa cruauté qu’il met en valeur. 2 — Deux personnages indissolublement liés a — La « soumission » de Sganarelle
Il est le valet de Don Juan (c'est du moins ce que dit la distribution, en fait on ne le voit jamais accomplir de besognes serviles, il semble plutôt être plutôt son homme de confiance) et lui doit donc obéissance. Il a peur de son maître (I, 1 et de nombreux autres endroits de la pièce). Mais en même temps il ne craint pas parfois de le défier, même si cela se produit la plupart du temps en son absence. Il est capable de faire preuve d’une certaine ironie, appliquant les ordres de Don Juan à la lettre sans en respecter l’esprit (« - Traître, tu ne m’avais pas dit qu’elle