Le diable amoureux
En effet, Le diable amoureux est, par certains côtés, une oeuvre très ancrée dans son siècle, c'est à dire dans les goûts et l'état d'esprit de son époque. Mais par d'autres côtés, c'est une oeuvre très éloignée du rationalisme philosophique dominant du 18ème siècle. Cette oeuvre veut se distinguer de l'esprit des philosophes et finalement, Le diable amoureux est assez proche de la littérature de l'étrange qui se développe à la fin du 18ème siècle contre l'omniprésence de la raison.
Dans cette analyse, je souhaiterais montrer que Le diable amoureux, de par son énigme et sa signification problématique, coïncide avec la naissance du fantastique qui va s'opposer à l'esprit traditionnel, mais je souhaiterais également démontrer que l'oeuvre, de par l'élégance du style, le goût du badinage et le désir de plaire et de convaincre, est une synthése des genres à la mode au 18ème siècle.
Le petit livre de Cazotte fait figure d’ancêtre du genre avec cette histoire datant du XVIIIe siècle. Un jeune homme du nom d’Alvare confronté à une apparition diabolique parvient à se concilier les bonnes faveurs du diable qui, après lui être apparu sous la forme hideuse d’un chameau, prend l’apparence de la délicieuse Biondetta dont il finira par tomber amoureux. La scène est assez drôle parce que le narrateur qui est aussi le protagoniste de cette histoire ne manque de faire rire à ses dépens. Contraint d’invoquer le diable après avoir crânement affirmé que s’il le voyait il lui tirerait les oreilles, il avoue: « Jamais fanfaron ne se trouva dans une crise plus