Le développement est-il durable
Introduction
Selon le rapport remis en octobre 2006 par Nicholas Stern, le prix à payer serait de 5 500 milliards d’euros d’ici à 2050, soit une baisse de 5 à 20 % du PIB mondial, si rien n’est immédiatement entrepris pour lutter contre le réchauffement climatique. Cette approche paraît renouveler la démonstration des risques écologiques encourus par le développement industriel en soulignant non seulement la possibilité de catastrophe naturelle mais aussi le coût économique de l’inaction face à ce risque. Toutefois, elle met également en valeur les limites de ce type de raisonnement. Elle suppose, comme les analyses de développement durable fondées sur le recours à la détaxation et à la fiscalisation, que l’enjeu est essentiellement économique. Mais suffit-il de payer pour pouvoir polluer ? En d’autres termes, le développement, la poursuite de l’augmentation de la production dans un contexte social constant, est-il durable par rapport aux limites naturelles et aux exigences d’équité ?
Si la croissance de la société industrielle ne peut être prolongée durablement, il semble que, pour être soutenable, son développement doive être fondé sur de nouvelles valeurs.
1. La croissance de la société industrielle ne peut être prolongée durablement
1.1. La société de croissance
- « la notion classique de progrès suppose une ascension qui rapproche indéfiniment d’un terme idéal » (Sartre). Le progrès issu des Lumières comprend en effet indissolublement les nouvelles découvertes des arts et des sciences, et « par une conséquence nécessaire » (Condorcet, « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain »), les moyens du bien-être particulier et de la prospérité commune, et, enfin, le perfectionnement des facultés morales et physiques. Progrès des sciences et progrès de la morale vont de pair ainsi que bien-être et domination des contraintes de la nature (« La nature n’a mis aucun terme à nos espérances ») ;
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