Introduction

Au temps de Louis XIV, la place des femmes se trouve au sein de la famille, elles sont confinées aux tâches subalternes, tels que les activités ménagères et les travaux de la ferme et du potager. L’éducation des filles se concentre ainsi sur l’entrainement des travaux domestiques et sur l’instruction religieuse, dont le but est de leur rappeler leur futur rôle d’épouse et de mère. De ce fait, il n’est pas étonnant que le foyer soit désigné aux femmes comme lieu principal d’activité. Seules quelques rares jeunes filles de l’aristocratie bénéficient d’une éducation des connaissances profanes - la culture et la littérature, et tiendront un salon après avoir atteint l’âge mûr. A l’époque, le monde du salon se trouve à la frontière entre la sphère privée et publique, en effet, des activités sont organisées au sein d’une maison, mais simultanément permettent aux femmes de communiquer avec des gens hors de leur famille. Dans ce petit cercle aristocratique, certaines femmes lettrées vont jusqu’à remettre en question leur statut social, et revendiquent une émancipation féminine. C’est dans ce contexte-là qu’est née un nouveau genre littéraire – le conte de fée.

Selon Christophe Carlier dans son ouvrage intitulé La clef des contes, le premier conte de fées au sens propre du terme a été écrit en 1690. C’est Mme d’Aulnoy qui en est l’auteur. Successivement, le genre acquiert une autonomie dans différents pays et fleurit au long de l’histoire. En matière de contenu, le conte de fée est élaboré par un mélange de la « multiplicité des emprunts, des héritages ou des réminiscences littéraire »1, et témoigne d’un « passage de l’oral à l’écrit, d’un style populaire à mondain, du folklore à la littérature »2. En d’autres termes, la naissance du genre ne surgit pas du néant, en revanche, elle est inspirée des œuvres qui l’ont précédée. Ce sont dans les contes oraux qui circulaient déjà depuis plusieurs siècles que Mme d’Aulnoy puise des matériaux. Elle