Le génocide arménien
Le peuple arménien est un peuple chrétien qui vivait depuis plus de 2 500 ans en Asie Mineure, au nord-est de l'Empire Ottoman majoritairement musulman. En 1914, on dénombre plus de deux millions d'Arméniens. Leur génocide a pour habitude d'être rattaché à la période s'étendant d'avril à août 1915, bien qu'on puisse noter des violences antérieures à celle-ci comme les massacres hamidiens de 1894 à 1896 et les massacres de Cilicie en 1909. Mais lorsque l'Empire Ottoman entre en guerre aux côtés des puissances centrales le 1er novembre 1914 après avoir été longuement sollicité par l'Allemagne, l'occasion est trop belle pour le Comité Jeune-Turc Union et Progrès "Ittihad" de régler définitivement la « Question arménienne » qui est perçue comme un obstacle majeur à leur idéologie panturquiste visant à l'union politique des nations turcophones et à l'élimination de tous les éléments non-turcs.
Le programme d'extermination des Arméniens est élaboré dès le début de l'année 1915 par le comité central du parti et les ministres de la guerre et de l'intérieur, Talaat Pacha et Enver. Présenté officiellement comme un transfert loin du front russe avec lequel la population arménienne est accusée de collaborer, le plan d'action se découpe en plusieurs phases. D’après l’ambassadeur des états-Unis à Constantinople de 1913 à 1916, Henri Morgenthau, ainsi que d’après certains historiens, les Turcs n’auraient jamais trouvé tout seuls cette idée. Ce seraient les Allemands qui auraient suggéré cette nouvelle méthode. La mission militaire allemande était en effet omniprésente en Turquie durant la guerre et un général allemand, Bronsart Von Schellendorf, a même signé un ordre de déportation avec une recommandation spéciale de prendre des « mesures rigoureuses » à l’égard des Arméniens regroupés dans les « bataillons de travail ». Or « déportation » et « mesures rigoureuses » étaient des mots codés qui signifiaient la