Le hussard sur le toit
Expérience du présent
L’ouvrage se présente à nous sous l’allure imprévisible de la désinvolture. En effet, on ne peut qu’avec du recul lui trouver une structure :
L’errance jusqu’à Manosque et la découverte du choléra
La vie sur les toits et autour de la ville
Le voyage vers Théus avec Pauline.
L’apparence est plutôt celle du hasard, le récit avance au gré des rencontres. L’impression générale est que Giono, comme son héros, ne sait pas bien où il va et poursuit sa route (on peut en effet comparer l’aventure littéraire de l’auteur à l’aventure héroïque du hussard).
Le roman n’a ni début, ni fin : le héros est sur les routes au début, on l’y retrouve à la fin. On peut ici remarquer une analogie avec les grands chemins.
Alors que le personnage est en perpétuel mouvement (même lorsqu’il est sur les toits de Manosque), le temps semble comme arrêté. Chacun des cinq chapitres de la première partie ne couvre qu’une à deux journées. C’est donc cette lenteur du récit qui donne l’effet de la dilatation de la durée : les jours semblent interminables. On retrouve le même effet dans les cinq derniers chapitres. Ces deux moments de déplacements correspondent à un large étalement narratif. Alors que dans la partie centrale du roman, on trouve le phénomène inverse : un temps long (plus d’un mois) est lié à un espace plutôt réduit. La notion de temps est donc assez évasive. Tout s’entremêle, les circonstances de l’action sont peu précises (monarchie de juillet, mais encore ?), l’espace délimité par l’auteur reste assez fantaisiste (la carte qu’il fourni lui même reste floue), les personnages rencontrés sont anonymes : le petit français, la jeune préceptrice, la nonne, … et on ne sait que le minimum sur les héros ( deux cent pages passent avant d’apprendre le patronyme d’Angelo, quatre cent avant de connaître le nom de Pauline !). Pauline, dont on ne saura rien de plus, peut-être pour la garder telle une figure fugitive, irréelle, merveilleuse et