Le jeu de l'amour et hasard
Quand, dans le jeu de l’amour et du hasard, Arlequin fait part à Dorante de son désir d’épouser la fausse Silvia, ce dernier se fâche et se montre choqué de cette mésalliance. La mésaventure d’Arlequin est le signe du poids social de la société de l’Ancien Régime.
Ainsi, Mario dit à Dorante, déguisé en valet : » Ta livrée n’est pas propre à faire pencher la balance en ta faveur et tu n’es pas fait pour lutter contre moi »
En est-il toujours de même chez Marivaux ? Les disparités sociales constituent elles un obstacle majeur à l’amour ?
Nous étudierons d’abord comment l’amour semble capable de dépasser les obstacles sociaux avant de nous pencher sur les disparités sociales et leur nature. Enfin nous verrons comment et pourquoi dans les faits, les disparités sociales constituent un obstacle face à l’amour, comment les » galons de couleurs « peuvent « brouiller « les sentiments.
Les disparités sociales ne constituent pas forcement un obstacle majeur à l’amour. En effet, on peut trouver des similitudes entre maîtres et valets, ou plus exactement entre les maîtresses et les servantes. Dans Le jeu de l’amour et du hasard, acte I scène 2, Silvia et Lisette nous apparaissent proches, comme deux sœurs qui ont envie de jouer, d’échanger leur rôle « Lisette a de l’esprit, Monsieur, elle pourrait prendre ma place pour un peu de temps, et je prendrais la sienne » dit Silvia à son père (I, 2). D’ailleurs dans la mise en scène de Jean Liermer, on retrouve un décor enfantin, de jeu. On sent la servante et sa maîtresse assez proches, complices, ce qui va permettre un échange des rôles plus facile et une illusion quasi parfaite. On retrouve la même similitude dans la mise