Le joueur d'échec
Vision sociale
Pour pouvoir comprendre à juste titre la nouvelle de Stephen Zweig, « Le joueur d’échec », il est tout d’abord nécessaire de connaître l’homme qui se cache derrière ce récit, quelles étaient ses valeurs et son état d’esprit lorsqu’en 1936 il décida d’écrire puis de publier sa nouvelle.
Nous pourrons par la suite saisir toute la subtilité des personnages, de leur histoire à leur psychologie, ainsi que du contexte et de l’environnement dans lequel ils évoluaient. Sans évidemment omettre le message que Zweig essaiera de faire passer à ses lecteurs à travers « Le joueur d’échec ».
Stephen Zweig (1901.-1965)
Zweig et le joueur d’échec
Stephen Zweig, vieil homme dépressif de soixante ans, exilé, avait la nostalgie de sa jeunesse, et de la vieille Autriche dont il s’acharnait tant bien que mal à faire perdurer les valeurs tant morales que sociales, lorsqu’il rédigea « Le joueur d’échec » en 1936.
Zweig et la société
Stephen Zweig a été élevé dans la tradition autrichienne où chacun occupait une place définie dans la pyramide que représentait alors la société autrichienne à son époque. Les bourgeois, et les aristocrates, ayant grandis dans un monde de finesse, d’esprit (intellectuellement s’entend), de bienséance —où les règles imposaient bon goût, élégance et politesse— siégeaient au sommet de cette pyramide. Ils étaient alors discrets, modestes et paisibles, cultivés et possédaient des impératifs moraux qui en faisaient, des gens respectés et tenus en estime.
Ils étaient l’opposé même des petites gens, issus de milieux modestes et défavorisés, considérés alors comme des brutes, dépourvus de la moindre intelligence qui traînaient lamentablement au bas de l’échelle sociale.
Zweig avait conscience d’être un natif de «bonne famille », très « vieil autrichien », il pensait et jugeait comme le faisait ses parents, adoptant la doctrine de Manès qui admet deux principes fondamentaux : le bien qui représente la lumière, en