Le label congolais
Est-ce le fait du hasard que la littérature populaire, y compris en langues vernaculaires, soit très répandue et dynamique au Congo ? Et que, en même temps, la réputation de ne pas être un pays d’écrivains continue toujours de coller à la République démocratique du Congo ? Pourquoi, dans cet immense pays, le chantier des cultures urbaines fut très tôt investi et exploité avec les résultats que l’on connaît dans des domaines aussi variés que la musique, le cinéma, le théâtre, la B.D., facilitant du même coup, en tout cas davantage qu’ailleurs en Afrique, l’intrusion de différents pouvoirs dans le champ culturel et leur collusion avec les acteurs culturels ?
Au lieu de me livrer à un exercice d’inventaire et de taxinomie sur la production culturelle congolaise, j’ai estimé plus intéressant d’apporter quelques lumières sur ce qui serait la marque de fabrique des produits culturels congolais.
Aussi loin que l’on remonte dans le passé du Congo, l’on est toujours confronté au paradigme de gigantisme qui affecte toutes les images en rapport avec cet Etat officiellement fondé en 1885, à Berlin. Il s’agit d’un regard à la fois de fascination et d’extraversion qui, au fil des ans, s’est cristallisé en des clichés au travers desquels les Congolais, non seulement sont habituellement perçus, mais aussi se complaisent eux-mêmes à se présenter : des images qui renvoient à une communauté davantage vue en fonction des ressources matérielles du pays que des potentialités de ses membres.
Dominique Maingueneau a bien raison de souligner les rapports de réfraction entre le contexte historique d’apparition d’une œuvre et le contenu ou le type de l’énoncé que l’œuvre rend possible, « car, dit-il, toute œuvre, par son déploiement même, prétend instituer la situation qui la rend pertinente »
Ainsi en est-il de la culture congolaise et de sa scénographie. Ceux qui ont eu à en parler et, ipso facto, à en faire la promotion, qu’il s’agisse des Occidentaux (tel le