Le libéralisme
LIBÉRALISME ET SOCIALISME – ORDRE SOCIAL ET CONSTITUTION POLITIQUE par Ludwig von Mises (1881-1973) 1. Violence et contrat dans la politique Naturellement la suprématie du principe de la force ne s'étendait pas seulement à la propriété. L'esprit, qui n'a confiance que dans la tolérance mutuelle mais dans des combats incessants, pénétrait toute la vie du peuple. Toutes les relations entre hommes se réglaient sur le droit du plus fort, c'est-à-dire sur la négation même du droit. Pas de paix, tout au plus un armistice.
L'édification de la société se fait en partant des plus petits groupements. Le cercle de ceux qui se réunissaient pour observer entre eux la paix, était d'abord très restreint. Au cours des siècles, il s'élargit petit à petit, jusqu'à ce que la communauté du droit des gens, le groupement de paix et de droit le plus étendu, eût englobé la plus grande partie de l'humanité, n'excluant que les peuplades à demi sauvages qui vivent au degré le plus inférieur de la civilisation. À l'intérieur de cette communauté, le principe des accords mutuels n'avaient pas atteint partout la même force. L'accord était le mieux réalisé dans tout ce qui touchait à la propriété. Où il était par contre le moins réalisé, c'était dans les questions touchant à la souveraineté politique. Dans tout ce qui intéresse la politique extérieure, l'accord se borne jusqu'aujourd'hui à limiter le principe de la force en imposant certaines règles à la guerre. Exception faite pour la récente procédure du tribunal d'arbitrage, les différends entre États se règlent encore selon les formes en usage dans les plus anciennes procédures de justice. Essentiellement, c'est la décision par les armes qui les règle, étant entendu toutefois que, comme dans les duels judiciaires des anciennes coutumes du droit, le combat est lié à certaines règles. Cependant il serait inexact de prétendre que dans les relations entre États, ce n'est que la crainte de la