Le nouveau roman et le personnage.
Le personnage et le Nouveau Roman Dans un article de 1957, repris dans Pour un nouveau roman, Robbe-Grillet s’en prenait à « quelques notions périmées » : en premier « le personnage » (du roman réaliste), en second « l’histoire » :
« Nous en a-t-on assez parlé du « personnage » ! Et ça ne semble, hélas, pas près de finir. Cinquante années de maladie, le constat de son décès enregistré à maintes reprises par les plus sérieux essayistes, rien n'a encore réussi à le faire tomber du piédestal où l'avait placé le XIXe siècle. C'est une momie à présent, mais qui trône toujours avec la même majesté quoique postiche au milieu des valeurs que révère la critique traditionnelle. C'est même là qu'elle reconnaît le « vrai » romancier : « il crée des personnages »... » Et pour appuyer sa conviction que le personnage était sinon mort, mourant ou, en tout cas devait être achevé, il en appelait au grands modernes : Sartre et sa Nausée, Camus et son Etranger, affirmant que personne ne se souvenait du nom du narrateur ! Il leur associait Céline ─ « le Voyage au bout de la nuit, décrit-il un personnage ? » ─, Kafka et Beckett.
Un peu avant, Nathalie Sarraute avait lancé son offensive (dans un texte repris dans L’ère du soupçon) :
« …, les personnages, tels que les concevait le vieux roman (et tout le vieil appareil qui servait autrefois à les mettre en valeur), ne parviennent plus à contenir la réalité psychologique actuelle. Au lieu, comme autrefois, de la révéler, ils l'escamotent.
Aussi, par une évolution analogue à celle de la peinture bien qu'infiniment plus timide et plus lente, coupée de longs arrêts et de reculs l'élément psychologique, comme l'élément pictural, se libère insensiblement de l'objet avec lequel il faisait corps. Il tend à se suffire à lui-même et à se passer le plus possible de support. C'est sur lui que tout l'effort de recherche du romancier se concentre, et sur lui que doit porter